Aller au contenu

Etre féministe, pour quoi faire ?

  • par
Temps de lecture : 4 minutes

Dans ce petit livret de la collection ALT « Etre féministe, pour quoi faire ? », l’autrice Camille Froidevaux-Metterie résume les grands mouvements de l’émancipation de la femme en France. En 30 pages seulement, on comprend son origine, les grands enjeux qui en découlent et ce qu’il reste à faire !

Saviez vous que la construction patriarcale telle qu’on la connait aujourd’hui date d’Aristote ? la position de la femme à cette époque est réduite à ses fonction de reproduction. Comme les esclaves de l’antiquité, les femmes sont soumises à l’autorité du « chef de famille » et cantonnée à la sphère domestique. C’est ainsi que se construit la logique encore en vigueur actuellement :

  • Sphère privée = féminin = Inférieur
  • Sphère publique = masculin = supérieur

On aurait pu penser que ce système aurait volé en éclat avec la révolution française au XVIIIeme siècle : que nenni ! Rousseau (le fameux siècle des « lumières » !) définit la place de la femme comme étant celle qui doit plaire, être utile, élever les enfants,…etc . Il y a bien quelques citoyennes et citoyens qui s’indignent que la moitié de l’humanité soit exclue des nouvelles lois, comme Olympe de Gouge et Condorcet, mais rien n’y fait.

Même en 1848 lorsque le suffrage universel nait, il est appliqué pour tous les hommes…mais pas les femmes. C’est à cette époque que le féminisme apparait.

1ère vague féministe : devenir citoyenne

La 1ère vague féministe est donc celle qui grandit au XIXème siècle et permet au milieu du XXème siècle l’accès au droit de vote à la fin de la 2nde guerre mondiale. Les femmes sont enfin des citoyennes. Mais elles sont toujours assignées à leurs fonctions domestiques et soumises aux nombreuses grossesses qui les emprisonnent.

2ème vague féministe: disposer de son corps

C’est de là que va partir la 2ème vague féministe, celle qui se bat pour que les femmes disposent librement de leur corps. Dans les années 70, beaucoup de manifestations permettent d’aboutir à la loi sur l’avortement en 1974 permettant de dépénaliser cet acte, passible auparavant de la peine de mort. Les femmes peuvent enfin prendre le contrôle de leur vie.

3ème vague féministe: égalité professionnelle

On arrive à la 3ème vague féministe sur l’égalité d’accès au travail : les femmes pouvant maitriser leurs grossesses, elles peuvent investir la sphère professionnelle. Ce sont les années 1980 à 2000 où les femmes s’occupent de se faire une place dans le monde du travail et recherchent l’égalité salariale et l’équilibre entre vie pro et vie perso. Des quotas sont instaurés pour permettre de briser le fameux plafond de verre en 2011. 

Néanmoins, encore aujourd’hui et malgré ces obligations légales, l’égalité professionnelle est loin d’être acquise. En moyenne, le revenu salarial de la femme est inférieur de 15%/ hommes.

4ème vague féministe: connaitre, accepter son corps féminin et le défendre

En fait la femme, pour accéder à tous ces postes occupés par des hommes, s’est oubliée : elle a nié son corps de femme, son cycle , ses fausses couches, l’allaitement, …etc pour devenir un « homme comme les autres ». Or la féminité, ou le féminin n’est pas un signe d’infériorité qui doit mener à la discrimination. Et c’est le but de la 4ème vague féministe de mener une dynamique de réappropriation de son corps par la femme, après les années 2010. C’est-à-dire de le connaitre, de comprendre son fonctionnement, le respecter et arrêter de subir les injonctions à une soi-disant beauté normée.

On assiste alors à la mise en lumière des pathologies gynécologique comme l’endométriose, qui justement parce que féminine, n’était peu ou pas étudiée. C’est également le lieu des révélations sur la composition des protections périodiques composées alors majoritairement de produits toxiques. Des associations sont également créées pour lutter contre la précarité menstruelle. Toutes ces initiatives visent à briser le tabou autour du cycle menstruel, afin de le vivre plus sereinement

C’est de là également que nait le mouvement #Metoo et de nombreux scandales éclatent sur les violences faites aux femmes et aux enfants. Dans nos sociétés occidentales sensées être démocratiques, le corps de la femme est en fait une zone de non droit !

Ces scandales sont toujours d’actualité, les langues se délient, les prises de conscience se font. 

94000 femmes sont victimes chaque année de viol en France. Dans 91% des cas, la victime connait son agresseur. Il s’agit donc bien d’un système de domination et d’appropriation du corps de la femme qui est systémique.

En parallèle, la notion d’acceptation de soi et de son corps fait son chemin, et par extension, la tolérance sur l’intime, sur le genre évolue. Se réapproprier son corps, le connaitre, l’accepter et même le remercier d’être là pour nous véhiculer sur terre, ne plus se préoccuper de son apparence, autant d’acceptations qui laissent l’espace pour prendre sa place dans la société, c’est donc également un enjeu féministe.

La 5ème vague est en cours

La 5ème vague féministe est/sera pour moi éco-féministe, car on ne peut pas dissocier les violences faites aux femmes des violences faites au vivant. Comment peut-on respecter la planète quand ne respecte pas la moitié de l’humanité ?

Cela passe par la déconstruction des stéréotypes de genre auxquels nous sommes confrontés dès la maternelle, prendre conscience chacun de nos privilèges et défendre le respect et l’équité.

Le féminisme n’est pas une lutte contre les hommes, c’est un mouvement de libération de la femme et par extension, une dynamique de transformation de la société qui bénéficie à toutes et tous.

Alors oui le féminisme est plus que jamais à l’ordre du jour.

Autres lectures 

  • « Si les hommes avaient leurs règles » de Camille Besse /Eric LeBlanche
  • « Merci mais non merci » de Céline Alix 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *